Faire la paix et résoudre le conflit politique basque

Les 2 et 3 avril prochain, les Artisans de la paix Béatrice Molle et “Txetx” Etcheverry seront assis sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Paris. Les faits qui leur sont reprochés remontent à 2016, lorsque Michel Berhocoirigoin, Michel Tubiana, “Txetx” Etcheverry et Michel Bergouignan prirent l’initiative politique d’un premier acte de mise hors d’usage d’une partie de l’arsenal mis sous-scellé d’ETA en compagnie de Béatrice Molle et Stéphane Etchegaray. Une initiative qui vint rompre le statu quo imposé par les états et qui marqua un tournant majeur. La conférence de presse du 16 mars, organisée à Louhossoa, à l’endroit même où les Artisans de la Paix menèrent leur action, fut un symbole de la pluralité et de la diversité des représentant.es politiques et individu.es qui soutiennent Béatrice Molle et “Txetx” Etcheverry. En outre, de nombreuses personnalités internationales de renom, dont 8 ex-ministres français ont également dénoncé ce procès à l’encontre des Artisans de la Paix.

La phase la plus contemporaine du conflit politique basque est celle qui débuta après la fin de la guerre civile espagnole avec une dictature qui dura quatre décennies. Cette période s’est soldée par des centaines de milliers de morts et de multiples souffrances. En 2011, suite à la conférence internationale d’Aiete et dans le but de construire un scénario de paix et de respect des aspirations démocratiques du peuple basque, ETA prit une décision sans équivoque en mettant fin à la lutte armée. Malgré la fin de la lutte armée et la volonté exprimée par ETA aux observateurs internationaux d’avancer sur le chemin de la paix, Paris et Madrid continuèrent d’ alimenter leur logique répressive et d’entraver toute initiative visant au désarmement.

Néanmoins la volonté politique de résolution partagée dans notre pays fut plus forte que la répression ; l’opportunité de débuter le désarmement via l’initiative de Louhossoa se matérialisa grâce à la détermination et au courage des Artisans de la Paix. L’annonce de leur action et leurs arrestations provoqua une véritable prise de conscience et un large soutien populaire et institutionnel qui permit ensuite de créer les conditions du désarmement d’ETA qui eut lieu quelques mois plus tard, le 8 avril 2017. Par la suite, appuyées par d’importantes mobilisations populaires, les revendications portées par une délégation d’élu.es et de représentant.es de la société civile du Pays Basque obtinrent gain de cause, avec le rapprochement et regroupement des prisonnier.es, l’obtention de libérations conditionnelles, etc… Ce travail de longue haleine allant jusqu’au blocage du Pays Basque en juillet 2022 et la libération conditionnelle de Jakes Esnal et Ion Parot, fut rendu possible par l’engagement sans faille des Artisans de la Paix depuis Louhossoa.

Au regard de la portée historique de leur action et du chemin entrepris depuis par la société du Pays Basque, toute décision de justice qui n’aboutirait pas à la relaxe pure et simple de Béatrice et de “Txetx” ne saurait être acceptée par ce territoire qui exprime clairement sa volonté d’avancer sur la route de la paix et de la résolution du conflit politique basque.

L’heure est à la libération des prisonnièr.es politiques basques, au retour des exilé.es et déporté.es politiques basques, à la prise en compte de toutes les victimes du conflit et à la reconnaissance du droit du Pays Basque à décider librement de son avenir. Les états espagnol et français doivent aborder ces questions et répondre à la volonté majoritaire de notre pays avec responsabilité.

C’est pourquoi EHBai se joint à l’appel de Bake Bidea des Artisans de la paix. Nous appelons toutes et tous les citoyen.nes basques à participer aux rassemblements qui auront lieu le 3 avril devant les mairies des capitales des 7 provinces du Pays Basque.

Signataires:

Mathilde Hary, Alain Iriart, Daniel Olcomendy, Leire Larrasa, Jon Irazola.

Aberri Eguna 2024: Construisons un Pays Basque souverain

Nous, abertzale de gauche, allons fêter l’Aberri Eguna de cette année à Uztaritze et Iruñea. Le rendez-vous labourdin qui marquera l’union du mouvement abertzale ainsi que son ambition en vue de nouvelles avancées dans le domaine de la reconnaissance institutionnelle du Pays Basque Nord. Par ailleurs, nous nous réunirons dans la capitale du Pays Basque afin de revendiquer que nous sommes une nation et que nous voulons construire une république basque. L’abertzalisme de gauche a le vent en poupe aux quatres coins du Pays Basque, l’Aberri Eguna sera sans aucun doute un bel exemple de cet essor.

La langue basque, outil de structuration de notre communauté

L’Aberri Eguna de cette année arrive dans le sillon de la Korrika. La course relais en faveur de la langue basque, qui a traversé l’ensemble du Pays Basque durant 10 jours, a magnifiquement démontré que la conscience nationale et le soutien populaire à la langue basque sont plus vivants que jamais dans notre pays. La Korrika nous permet de nous rendre compte que nous sommes un peuple qui peut accomplir de grandes choses. C’est bel et bien l’euskara qui nous permet de faire corps. Ainsi toutes et tous les citoyen.nes basques devraient avoir le droit et l’opportunité de connaître et d’utiliser l’euskara. Dans un contexte où les procédures judiciaires à l’encontre des politiques linguistiques ambitieuses et les attaques contre l’enseignement en langue basque sont nombreuses, pour EHBai et EHBildu, l’euskara est un outil de cohésion de notre communauté. En ce sens, nous réitérons notre engagement en faveur d’un processus de revitalisation de l’euskara à grande échelle.

La souveraineté, afin de décider de notre avenir

Notre pays doit faire face à un contexte de guerres et de crises sociales, écologiques, économiques, et politiques engendrées par le système capitaliste. Dans ce monde où la grisaille prédomine, nous abertzale de gauche, nous défendons l’idée qu’une alternative est possible en brandissant la bannière de l’espérance. En plein conflit entre démocratie et autoritarisme, c’est un sursaut populaire basque que nous souhaitons promouvoir afin de répondre aux enjeux du XXIe siècle. Nous défendons, mobilisons et organisons toutes les structures collectives du Pays Basque, afin qu’en tant que communauté, nous puissions entreprendre une transformation sociétale. Celle-ci doit garantir l’égalité de droits et des conditions de vie dignes pour toutes et tous les citoyen.nes. C’est pourquoi nous voulons être souverain.es. C’est-à-dire avoir les pleins pouvoirs afin de décider de manière démocratique de l’organisation politique, économique, culturelle et sociale de notre pays. Ainsi, nous rappelons que le Pays Basque devrait avoir le droit de décider librement de son avenir.

Outre le Pays Basque, les nations sans états travaillant sans relâche à l’obtention de leur souveraineté sont également source d’inspiration. Face à l’agenda réactionnaire que portent certain.es en Europe, c’est un élan en faveur de la construction de républiques démocratiques et progressistes qui nous vient d’Irlande, de Catalogne, d’Ecosse, de Kanaky de Polynésie ou encore de Corse.

Le renouveau de la vision nationale

Nous sommes heureusement en mesure de déclarer qu’un nouveau cycle politique est en marche au Pays Basque. Une nouvelle ère qui doit nous permettre de renouveler notre vision nationale et d’ouvrir de nouvelles perspectives d’articulations entre les territoires basques. Au-delà de la division administrative, nous abertzale de gauche, nous exprimons notre volonté de promouvoir des initiatives en vue de recomposer notre pays et renforcer les liens entre les acteurs et les institutions de l’ensemble du Pays Basque.

Nous serons présent.es au rendez-vous organisé par Euskal Herria Batera le 30 mars à Bilbao. Enfin, nous lançons un appel aux citoyen.nes basques afin qu’ils participent de façon massive à l’Aberri Eguna d’EHBildu à Iruñea et à celui organisé par le mouvement abertzale du Pays Basque Nord à Uztaritze.

Souveraineté pour le Pays Basque !

Euskal Selekzioa-Uruguay: nous sommes une nation !

Notre pays a montré maintes fois, à ceux et celles qui veulent bien le voir, que nous existons, que nous avons des caractéristiques bien spécifiques, que nous sommes une nation et que nous souhaitons décider librement de notre avenir. Le passage du Tour de France au Pays Basque en juillet dernier fut par exemple une démonstration de la fierté populaire basque. Depuis jeudi dernier, notre peuple est une nouvelle fois mobilisé en soutien la Korrika lors de son passage dans les villes et villages. Ces exemples sont autant de preuves irréfutables de notre sentiment national et notre ambition commune.

Jusqu’à dimanche, la Korrika continuera son chemin en parcourant l’ensemble du Pays Basque en faveur de l’euskara. EHBai et EHBildu participent de manière active à la course relais en faveur de la langue basque et appellent les citoyen.nes du Pays Basque à exprimer leur joie, leur espérance et leur attachement à l’euskara et notre existence en tant que nation lors du passage de la Korrika.

Néanmoins, celle-ci ne sera pas la seule occasion de revendiquer l’existence du Pays Basque. Le match de football international entre Euskal Herria et L’Uruguay aura lieu samedi à Bilbao. Voici un nouveau rendez-vous formidable pour le Pays Basque. EHBai et Bildu appellent les Basques à suivre le match de leur sélection, à remplir le stade de San Mames et faire en sorte que le monde voit que le Pays Basque est une nation à part entière qui souhaite décider librement de son avenir.

8 mars: Le féminisme, point de convergence des luttes

A la veille du 8 mars, nous femmes d’EHBai, nous nous sommes réunies ici aujourd’hui pour réitérer notre engagement en faveur d’une transformation féministe de la société. Nous sommes ici présentes des femmes aux parcours, à l’âge, à l’origine et aux secteurs d’engagements divers. Nous avons fait le choix de militer et de prendre notre place au sein d’EHBai, des institutions ou encore des mouvements sociaux. Toutes autant que nous sommes, nous sommes victimes d’une triple oppression: l’oppression sociale d’une part; l’oppression nationale d’autre part; et enfin, l’oppression de genre. Nous avons donc mille et une raison de lutter, mille et une raison d’être abertzale, de gauche et féministe. Notre vision intersectionnelle nous permet d’aller à la source des rapports de domination et de travailler à leur éradication. 

Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, est l’occasion pour EHBai de revendiquer un changement radical de système. Nous désirons que le Pays Basque accède à sa pleine souveraineté et à la justice sociale. Par conséquent, le féminisme doit être une vision transversale que nous mettons en pratique dans les luttes que nous menons dans des domaines tels que la langue basque, le logement, l’écologie ou la solidarité envers les migrant·es. 

L’oppression que subissent les femmes dans les sociétés cis-hétéropatriarcales étant structurelle, les réponses à donner le sont également. En premier lieu, nous déclarons que seule une réorganisation intégrale de l’économie permettra de mettre fin à la brèche salariale entre les femmes et les hommes. Des mesures concrètes doivent être prises en vue d’en finir avec cette réalité condamnant les femmes à la précarité, aussi bien lors de leur parcours professionnel qu’au moment de leur retraite. En outre, il est primordial que les travaux de soins –  enfants, personnes âgées – soient mieux distribués et qu’ils soient de fait la responsabilité de toute la société. Comment ne pas évoquer que toutes les formes de violences patriarcales (violences machistes, éducation sexiste, discrimation de la communauté LGBTQI+…) doivent disparaître. A l’échelle du Pays Basque Nord il est nécessaire que les acteurs économiques, sociaux, politiques et institutionnels prennent des engagements tangibles et agissent ensemble en faveur de l’égalité. 

Enfin, EHBai réaffirme clairement trois de ses engagements. En premier lieu, continuer à mettre en œuvre le changement nécessaire au sein de notre maison commune de gauche, abertzale, écologiste et féministe qu’est EHBai. Ce changement garantit un fonctionnement interne féministe et entraîne la disparition de  toute violence machiste au sein de notre structure. Deuxièmement, enraciner la perspective de souveraineté du Pays Basque au sein du mouvement féministe du Pays Basque nord ; nous poursuivrons nos efforts pour la renforcer, l’étendre et en faire l’une des principales forces mobilisatrices du territoire en créant des ponts avec le mouvement féministe du Pays Basque sud. Troisièmement, promouvoir depuis les institutions des politiques féministes transformatrices en améliorant les conditions de vie des femmes afin de jeter les bases d’un changement de système.

Le Parlement français a approuvé lundi l’inscription de la liberté garantie de recourir à un avortement. Que cette nouvelle étape ait été franchie pour garantir le droit à l’avortement grâce à des décennies de lutte du mouvement féministe est évidemment une bonne nouvelle. Cependant, la lutte pour les droits fondamentaux reste essentielle. Il nous semble indispensable de rappeler que pour que le droit à l’avortement ne soit pas entravé, il faut octroyer les ressources nécessaires au système de santé publique. Les militant·es abertzale, de gauche et féministes sont prêt·es à se battre sans relâche pour défendre les droits acquis et en acquérir de nouveaux.

Pour toutes ces raisons, nous nous mobiliserons dans les rues le 8 mars dans les communes de Bayonne, Ascain, Urrugne, Hendaye… Femmes abertzale, de gauche et féministes, nous sommes prêtes à la lutte pour une transformation sociétale. 

Nous construirons le Pays Basque à partir du féminisme !

Élections européennes: décision d’EHBai

Le parti abertzale, de gauche, féministe et écologiste EHBai, a par un vote interne décidé de ne pas participer activement à la campagne des élections européennes qui se tiendront le 9 juin prochain. EHBai fera en sorte, en compagnie EHBildu, que ces élections soient une opportunité de réaffirmer la souveraineté d’Euskal Herria, le Pays Basque, en tant que nation composée de sept territoires. En outre, EHBai continuera de travailler avec les forces politiques qui composent la Fédération Régions et Peuples Solidaires pour un projet d’Europe des peuples et respectueuse du droit à l’autodétermination.

Dans un contexte où l’écho des programmes xénophobes et d’extrême droite se fait de plus en plus fort à travers l’Europe, EHBai souligne la nécessité d’autant plus grande de se mobiliser contre ces dangereuses idéologies et de défendre les valeurs d’égalité des droits et de justice sociale.

Mathilde Hary et Sylvain Aimé au sujet de l’agriculture paysannne

Ces dernières années, la crise Covid et la guerre en Ukraine ont entraîné un dérèglement des marchés mondiaux qui a prouvé notre dépendance envers l’importation de toutes les matières premières. L’inflation des prix a fortement impacté les citoyens, pour qui, voyant leur pouvoir d’achat fondre comme la neige dans nos Pyrénées, il est malheureusement difficile de se tourner vers des produits locaux de qualité. Il est même devenu monnaie courante de se priver de certains aliments. L’agriculture, secteur déjà en grande difficulté, est définitivement tombée dans une crise profonde.

Voilà donc maintenant plusieurs semaines que le monde agricole exprime sa colère plus que légitime. En effet, le malaise des paysans qui ne peuvent vivre de leur travail est une réalité prégnante à l’heure de la libéralisation à tout va du marché agricole et alimentaire. Néanmoins, les mesures annoncées par le gouvernement français sont basées sur une vision productiviste à court terme et sont loin d’apporter des réponses convaincantes dans le but de garantir un revenu digne à tous les paysans.

Pour EH Bai, c’est l’interdiction de la rémunération en dessous du prix de revient qui doit-être instaurée. La loi Egalim doit être respectée. En effet, ce ne sont pas les normes environnementales, sociales ou sanitaires qui posent problème, mais bel et bien les profits toujours plus importants engrangés par l’agro-industrie. Il est temps que le marché soit régulé afin de redonner sa juste valeur au travail de ceux et celles qui nous nourrissent. En ce sens, une hausse des retraites des paysans esturgente.

Les accords de libre-échange sont une aberration au vu de leurs conséquences directes sur les conditions de vie des paysans qui ne peuvent faire face à cette concurrence déloyale. Ces accords sont aussi dépassés au regard des enjeux de la transition écologique que nous sommes appelés à relever.

Alors qu’à l’échelle de l’Union européenne, les orientations de la Pac favorisent actuellement le productivisme comme seul moyen d’avoir une activité rentable, nous sommes solidaires des fermes qui font les frais du retard de paiement des ces aides et demandons leur simplification administrative.

Construire un modèle alternatif au Pays Basque

Représentant 15 à 20% des emplois dans certaines zones de l’intérieur, l’agriculture reste une des activités économiques principales du Pays Basque Nord. Véritable pilier d’un territoire qui se veut résilient et souverain, l’agriculture paysanne doit être soutenue. Le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule ne manquent pas d’alternatives vertueuses qui, via les circuits courts, la relocalisation de l’économie et la création d’AOP et d’AOC, dessinent les contours d’un modèle agricole basé avant tout sur les besoins des producteurs et des consommateurs du Pays Basque Nord. Outre ces alternatives, les outils de proximité tels que les abattoirs (comme celui de Mauléon, dernièrement malmené) sont à promouvoir. Il en est de même pour les outils de transformation des filières du jus de pomme, du cidre et des laiteries.

Alors que la moitié des paysans prendront leur retraite d’ici à 2030, le renouvellement de génération n’est pas un sujet à prendre à la légère. Il faut permettre à la nouvelle génération d’accéder au foncier et de garder des fermes à taille humaine. Des aides publiques doivent accompagner leur installation. En vue de la production d’une large palette de produits sur notre territoire, la promotion de l’installation de maraîchers est également un enjeu majeur.

Enfin, EH Bai appelle de ses vœux à la création d’un Office public de l’agriculture.

À l’aune des défis climatiques, économiques et sociaux auxquels nous devons faire face, il nous semble important de décider ici des outils dont nous avons besoin pour faire vivre l’agriculture sur notre territoire et assurer la sécurité alimentaire de ses habitants. Les institutions du Pays Basque Nord doivent être souveraines afin de prendre des engagements forts en matière d’alimentation durable et de défense des terres nourricières.