Zoom sur le Conseil Communautaire du 27 septembre

 

La session de rentrée du Conseil communautaire s’est ouverte par une discussion sur la situation préoccupante de l’Office Public de la Langue Basque (OPLB), et plus généralement de l’euskara.

L’Etat français affaiblit l’euskara

C’est par l’intermédiaire de Nicole Etchamendy, co-présidente du groupe Bil Gaiten que le sujet est arrivé dans l’auditorium. L’élue itsasuar a fait part de son inquiétude quant à la situation budgétaire de l’OPLB: son budget reste gelé et aucune évolution ne semble venir des collectivités sur la reconduction de sa convention en fin d’année. A l’exception de la CAPB, ni l’Etat français, ni la Région, ni le Département ne semblent consentir à un effort financier. Dans la même ligne, l’Institut Culturel Basque a vu sa subvention annuelle baisser de 30 000 € par l’Etat français. Ces choix budgétaires interrogent et révèlent une vraie défaillance dans la volonté politique étatique. L’Etat français devrait assumer son rôle dans la réparation du préjudice linguistique subi par le Pays Basque Nord lors des dernières décennies mais semble au contraire l’aggraver.

Les prises de parole successives des élu·es angloys Claude Olive en tant que 1er vice-président du Département et de Sandrine Derville en sa qualité de vice-présidente aux finances de la Région n’ont pas apporté de signal rassurant. Au contraire, elle et il ont justifié la difficulté pour leur collectivités respectives à abonder le budget de l’OPLB du fait des contraintes budgétaires liées, entre autres, au désengagement de l’Etat.

Antton Curutcharry, vice-président des politiques linguistiques et culturelles a rappelé que la CAPB avait bloqué des fonds supplémentaires pour augmenter le budget de l’OPLB dans le cadre de la convention quadripartite ainsi que pour verser une contribution supplémentaire répondant à des besoins précis de l’institution.

Une délégation d’élu·es et parlementaires basques s’est rendue à Paris pour rencontrer Elisabeth Borne mais sa position de ministre de l’Education démissionnaire ne lui permet pas de prendre d’engagement. La situation reste donc bloquée pour le moment.

Feuille de route sur l’agriculture et l’alimentation

Après un long travail de concertation avec les différents acteurs du monde agricole et les élu·es de la commission Agriculture et alimentation de demain, le plan Agriculture et alimentation de la CAPB a été voté à l’unanimité. Ce plan porte une vision prospective pour préserver le modèle agricole basque au cours des prochaines décennies. Il s’articule en lien avec la politique Montagne basque et le plan Climat Air Energie.

Maite Echeverria a exprimé son soutien au plan au regard des enjeux importants qu’il comporte. Cependant, elle remarque qu’aucune méthode d’évaluation des politiques déclinées sur le mandat n’est instaurée.

Aussi, la maire d’Ozaze-Zühara a interrogé la vice-présidente en charge de ces questions sur la création d’un Office public de l’agriculture. Ce dernier avait été annoncé lors de l’ouverture de Lurrama édition 2024 par le président de la CAPB.

Maite Echeverria a aussi profité de cette délibération pour questionner la création d’une foncière alors que d’autres structures du territoire proposent déjà ce service. Plus que sa plus-value réelle, c’est avant tout sa capacité d’action et son budget dédié qui posent question. Selon l’élue xiberutar, c’est par le biais de Lurzaindia que la CAPB aura pu actionner ce levier. Au Pays Basque Nord, 1 500 exploitations agricoles auront disparu en 2050 dans un territoire où l’artificialisation est 40% plus élevée que dans le reste de l’Etat Français.

A la suite d’un débat de bonne tenue, le plan a été adopté à l’unanimité ; la création de l’Office public de l’agriculture devrait prendre corps lors du prochain Conseil communautaire en décembre 2025.

Souveraineté économique et coopération transfrontalière

Alain Iriart a apporté son soutien à la délibération sur le mémorandum de coopération entre la Communauté Autonome Basque (CAB) et la CAPB pour les 5 prochaines années.

Pour illustrer le travail à mettre en œuvre entre ces deux entités, le maire d’Hiriburu a pris pour exemple le dossier de Lauak.

En début d’été passé, un conglomérat indien prenait le contrôle de Lauak. Le ministre français de l’Industrie et de l’Energie s’inquiétait alors de la perte de souveraineté de l’Etat aux profits d’intérêts étrangers. Alain Iriart appelle à ne pas être spectateur face aux risques de transfert de la valeur ajoutée produite ici, au Pays Basque, vers d’autres horizons. Aussi, nous n’avons pas de garantie que la recherche et le développement ainsi que les centres de décisions restent sur le territoire.

Parce que la CAPB a une connaissance fine de ses acteurs économiques locaux, parce que le Pays Basque Sud dispose d’une activité industrielle dynamique ; des partenariats économiques doivent être tissés entre les 3 entités administratives qui englobent le Pays Basque. Cet axe fédérateur permettrait, selon Alain Iriart, d’accompagner au mieux les entreprises basques en créant un écosystème socio-économique plus résilient.

Conférence de presse du groupe d’élu.es BIL GAITEN

Le 7 décembre 2022, le groupe de 27 élu(e)s dont les noms sont en annexe de ce dossier ont envoyé à Mr Jean-René ETCHEGARAY Président de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque une demande officielle de constitution de groupe politique, conformément à la loi. Ce groupe d’élu(e)s prendra le nom de BIL GAITEN et sera co-présidé par Nicole ETCHAMENDY et Jean-Claude MAILHARIN. Depuis la fin de l’été, l’envoi de ce courrier a été précédé d’un temps d’échange avec le Président et son cabinet.

A partir d’un embryon d’organisation collective entre élu(e)s impulsé à l’origine par EHbai depuis la création de la CAPB, il a très vite été décidé que ce groupe serait ouvert aux élu(e)s d’EHbai qui le souhaitaient ainsi qu’à des élu(e)s non encarté(e)s, les uns et les autres se retrouvant sur un certain nombre de points communs formalisés dans une charte. C’est ainsi que BIL GAITEN est la suite d’une démarche ancienne, initiée par un mouvement politique débouchant sur une organisation ouverte non partisane.

Les points essentiels partagés par les signataires actuels et ceux qui pourraient s’y retrouver sont:
La CAPB, toute la CAPB, et même plus. Nous sommes favorables à une organisation institutionnelle à l’échelle du Pays Basque Nord et nous nous sentons pleinement solidaires de la démarche ayant conduit à la création de la CAPB. Nous sommes opposés à ce titre, à toute tentative éventuelle de retour en arrière. Nous souhaitons à l’inverse contribuer à l’évolution vers une nouvelle étape institutionnelle, permettant au Pays Basque d’exercer de nouvelles compétences et de maitriser davantage son avenir.

Un fonctionnement au service de tout le territoire. Concernant le fonctionnement de la CAPB, nous considérons que les décisions et les politiques de la CAPB doivent incarner une vision territoriale à l’échelle du Pays Basque, transcendant les intérêts particuliers de tel ou tel territoire ou de telle ou telle commune. Nous considérons aussi important que la gouvernance de la CAPB se fonde sur le partage des informations au niveau de l’ensemble des élu-e-s membres, sur la co-construction des projets et des décisions, au sein du Conseil exécutif, des pôles et des commissions.

Une volonté de faire fonctionner à plein le pacte de gouvernance. Le pacte de gouvernance de la CAPB se fonde sur la prise en compte de la diversité territoriale dans la composition des instances de gouvernance, car les membres qui siègent à l’exécutif tirent leur légitimité des différents pôles Ce sont en effet les pôles qui désignent leur animateur mais aussi les élu(e)s qui composent l’exécutif (sauf ceux ou celles choisi(e)s par le Président) puis le Président décide de la répartition des responsabilités entre ces personnes désignées par les pôles. Les élu(e) signataires de la demande de création du groupe ont défendu le principe de la légitimité territoriale au moment de la préparation du pacte de gouvernance de la CAPB et notre démarche s’inscrit pleinement dans le respect du dit pacte.

Par « effet mécanique » donc, ceci caractérise le fonctionnement de la CAPB avec un exécutif qui ne repose pas de ce fait sur une logique majorité / opposition telle que l’on peut la trouver dans beaucoup d’autres institutions.

Et c’est la même logique qui prévaut pour le groupe que nous souhaitons créer qui ne se positionne donc pas dans un schéma majorité/opposition. Il s’agira de constituer un groupe d’élu(e)s dont les membres pourront aussi faire partie de l’exécutif. C’est une démarche transversale qui réunit des élu(e)s qui partagent une vision commune.
Pour autant, le pacte de gouvernance actuel n’a pas encore produit tous ses effets, notamment en matière de transversalité dans les prises de décision et dans la gestion. Nous sommes convaincus de pouvoir aider à passer d’une tendance à la verticalité vers une mise en oeuvre plus horizontale.

Une organisation collective des élu(e)s pour plus d’efficacité et de démocratie. La mise en place d’un groupe d’élu(e)s vise à faciliter grâce à un fonctionnement collectif, le travail et la participation de ses membres dans les différentes instances où ils siègent. En effet, confronté(e)s à la nécessité de prendre part à un nombre important de réunions, de consulter de nombreux documents, souvent denses et volumineux, les élu(e)s pourront aussi trouver auprès du groupe, aide et assistance technique, afin de mieux répondre à leurs obligations.
Les membres de l’exécutif s’appuient bien évidemment sur les services de la CAPB pour faire face à leurs responsabilités importantes dans leur délégation respectives. Le conseiller communautaire de base doit par contre se débrouiller seul pour faire face à cette masse de travail. La participation à un groupe d’élu(e)s permet à l’inverse, à toutes celles et ceux qui en sont membres de compter sur une organisation plus collective, qui l’aide à mieux accomplir son travail.

Ce point est central pour nous. C’est pourquoi il est essentiel, que la délibération qui fixera les modalités de fonctionnement des groupes, prévoit bien, la prise en charge de collaborateurs qui seraient mis à disposition du ou des groupe. Leur apport en notes de synthèses, transmission d’informations, aide à la réflexion, etc., sera au final un gain de temps inestimable.

La création d’un groupe d’élu(e)s revêt de ce fait, une dimension démocratique fondamentale, celle d’aider les élu(e)s à mieux exercer leur fonction, anticiper la prise en main des dossiers le plus en amont possible, faciliter l’accès à l’information, s’approprier davantage le contenu des délibérations, améliorer ainsi la qualité des débats en séance et donc du débat public. C’est l’esprit même de la loi qui a prévu la création de groupes et la possible mobilisation d’une petite part du budget. Cet enjeu démocratique le mérite bien.

Pour les signataires de la demande, la création d’un groupe d’élu-e-au sein de la CAPB traduit la volonté d’enrichir le fonctionnement actuel en faisant en sorte que le débat d’idées nourrisse également les choix et les politiques mises en place par la CAPB. Permettre aux élu(e)s de pleinement s’approprier leur rôle et leur mission, c’est donner ainsi une place encore plus importante au débat démocratique.

Antton Curutcharry : intervention en Conseil Communautaire au sujet de la loi Paul Molac

Le jeudi 8 avril dernier, l’Assemblée Nationale française votait la proposition de loi portée par Paul Molac concernant les langues territoriales.

Un texte législatif qui permet de reconnaitre les filières immersives au même titre que le bilingue et le monolingue.
A plus d’un titre, cela constitue une avancée symbolique et politique pour toutes les langues territoriales de l’hexagone.

Alors que les attaques à l’encontre de l’Euskara et notamment en vue de l’ouverture de filières immersives dans des écoles publiques se sont multipliées ces derniers mois, ce texte vient offrir un cadre légal qui doit permettre de renforcer l’enseignement de l’Euskara dans toutes les filières.

Antton Curutcharry, Président de l’Office Public de la Langue Basque et Vice-Président à la politique linguistique à la Communauté Pays Basque a commenté cette actualité devant le Conseil Communautaire réuni en séance plénière le samedi 10 avril.

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