Les élu·es communautaires se réunissaient samedi 7 décembre pour la dernière session plénière de l’année 2024. Comme à l’accoutumée, de nombreux sujets ont été traités à cette occasion. Nous vous proposons de revenir sur certains d’entre eux qui ont été portés par des élu·es membres d’EHBai.
Marienia
En préambule, le président Jean-René Etchegaray a confirmé la mise en place d’un groupe de travail qui sera chargé de débattre sur le projet immobilier controversé du plateau de Marienia. Les modalités de ce débat n’ont pas été communiquées pour le moment. Cette décision fait suite à la motion co-écrite par les organisations opposantes au projet, le groupe d’opposition abertzale de gauche kanboar Nahi Dugun Herria, ELB, ELB gazte, Lurzaindia, le CADE et OSTIA.
La motion a obtenu 63 signatures d’élu·es communautaires et a pour objet de trouver à l’agglomération un débouché institutionnel à la situation de blocage actuelle, le maire de Cambo restant campé sur sa position de mener le projet à son terme, sans tenir compte des voix qui s’élèvent.
Filipe Aramendi a pris la parole pour rappeler les deux enjeux majeurs auquel est confrontée la CAPB: celui de produire du logement accessible à la population et celui de la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire la préservation de nos terres agricoles avec leur vocation nourricière. Ces deux enjeux se confrontant souvent, il est de la responsabilité du Conseil communautaire de réussir à les concilier en trouvant collectivement des solutions. Le maire d’Urrugne assure le relais avec le collectif pour la défense du plateau de Marienia et souhaite qu’un débouché politique soit trouvé à ce conflit.
Motion contre la LGV
David Hugla, maire de Lahonce, a présenté une motion au nom du groupe abertzale de gauche Bil Gaiten pour affirmer l’opposition de la CAPB au projet GPSO. Sa commune serait l’une des premières concernées par le nouveau tracé de la LGV reliant Bordeaux à Hendaye. La motion fait état des luttes locales passées qui ont permis au projet LGV de ne pas voir le jour sur notre territoire et rappelle le montant pharaonique des travaux, ses dégâts irrémédiables sur l’environnement et la fable selon laquelle la ligne actuelle serait engorgée.
L’avenir ferroviaire devra conjuguer développement du fret et rénovation des voies existantes ; et non pas le passage en force d’un projet anachronique et climaticide.
87% des élu·es communautaires ont voté pour cette motion. Le message est clair: le Pays Basque nord reste très largement opposé à la LGV !
Plan Tourisme
Daniel Olzomendi, vice-président en charge du tourisme durable et de l’accessibilité présentait le plan tourisme de la CAPB. Il s’agit de la feuille de route de la politique touristique à l’échelle communautaire pour les décennies à venir.
Il répond à 4 défis:
- l’adaptation et l’accompagnement des acteurs du secteur au changement climatique
- le maintien d’une bonne qualité de vie pour les habitant·es du Pays Basque nord en maîtrisant les impacts du tourisme
- le développement d’un tourisme de proximité, étalé sur 4 saisons et bénéfique à l’intégralité du territoire
- l’intégration de ce plan dans un projet collectif et cohérent à l’échelle du Pays Basque
De fait, ce plan tourisme intègre les enjeux de notre époque en étant soucieux de la préservation de nos communs (paysages, euskara, ressources en eau, biodiversité,…) pour tendre vers un tourisme plus sobre, en cohérence avec les objectifs de transition écologique.
Nicole Etxamendi, co-présidente de Bil Gaiten, a salué la somme de travail réalisée et le virage à 180° opéré au regard des politiques antérieures. Elle émet cependant quelques réserves, notamment sur le volet consacré aux hébergements touristiques qui pourrait se montrer plus contraignant à l’égard des résidences secondaires et meublés de tourisme. Aussi, les politiques publiques devraient être réalisées en priorité pour les habitant·es du Pays Basque nord et accorder une importance particulière aux visiteur·ses du Pays Basque sud par la déclinaison d’une politique linguistique plus ambitieuse (généralisation de l’information et de la signalétique sur les offres et hébergements touristiques).
Le plan tourisme a été adopté à l’unanimité par les élu·es communautaires.
Lancement du dispositif Euskaldundu
Au printemps 2024, l’OPLB rendait public sa prospective sur la politique linguistique en vigueur sur notre territoire. Le résultat est alarmant. D’ici à 2050, à politique constante, nous aurions à faire à une stagnation de locuteur·trices euskaldun en valeur absolue. Compte-tenu de l’évolution démographique, nous aurions aussi le pourcentage d’euskaldun le plus faible de l’histoire du Pays Basque nord et par vase communiquant le plus haut taux d’habitant·es non-euskaldun.
L’OPLB est dans une situation de blocage du fait de l’échec, à ce jour, des négociations pour l’augmentation de son budget de fonctionnement. Alors que la Région Nouvelle-Aquitaine propose 100 000€, bien en-deçà de l’enjeu d’urgence linguistique constaté, le Département des Pyrénées-Atlantiques n’entend pas mettre un centime de plus et l’Etat français est aux abonnés absents à la table des négociations. Comme sur le sujet de la LGV, seule la CAPB a pris la mesure de la situation et entend répondre aux besoins du territoire. Elle s’était engagée à flécher 650 000 € de budget supplémentaire en faveur de la politique linguistique.
Fort de ce constat, Antton Curutcharry, vice-président à la CAPB, soumet à validation du Conseil communautaire une enveloppe de 350 000 €. La CAPB aura la charge d’attribuer des bourses pour l’apprentissage de l’euskara aux adultes qui en auraient fait la demande. Cette délibération n’a rencontré aucune contestation et a donc logiquement été votée à l’unanimité.
Dérogations au repos dominical
Comme chaque année, Gilles Haran a pris la parole lors de la délibération accordant des dérogations aux établissements souhaitant ouvrir le dimanche. Ces ouvertures bénéficient majoritairement à des grandes surfaces et grands groupes et précarisent les salarié·es. Ce n’est pas le modèle que devrait valoriser la CAPB. D’année en année, l’exception dérogatoire devient la règle, fragilisant davantage les acquis sociaux des travailleur·ses.
Les élu·es d’EHBai et le groupe Bil Gaiten votent contre cette mesure, tout comme 42% des élu·es communautaires, un résultat qui est en hausse. Affaire à suivre !
Tarification de l’eau
L’eau, dans un contexte de dérèglement climatique, doit être considérée comme un bien commun. Dès 2017, la CAPB décide d’infléchir vers une gestion harmonisée à l’échelle du Pays Basque nord.
Alain Iriart rappelle que les mots d’ordre sur la gestion de cette ressource doivent être guidés par une sobriété de consommation, ainsi qu’un prix et une qualité de service pour tou·tes les citoyen·nes. L’augmentation du prix de l’eau dans certaines communes nécessite des actions de la CAPB à destination de ses habitant·es.
Le maire de Saint Pierre d’Irube demande l’engagement rapide d’une tarification sociale et le nécessaire travail de sensibilisation par de l’information grand public sur les travaux réalisés et en cours. Il rappelle aussi l’importance des échéances de 2027-2028 en ce qui concerne les délégations de service public qui seront l’occasion de se questionner sur le mode de gestion le plus adapté.