Un bien commun à proteger

L’eau, un bien commun à préserver
On ne pourra bientôt plus s’enorgueillir d’avoir un Pays basque aussi verdoyant… Les derniers étés ont marqué la mémoire collective. Des images spectaculaires de l’incendie de Chiberta au triple épisode caniculaire l’an dernier et ses terribles conséquences sur notre écosystème : il est impératif d’adapter nos usages et de changer notre regard sur la gestion de l’eau.

 

Prendre le problème à la source
Une étude commandée par la CAPB en mars dernier a permis de pointer du doigt les principaux défis que devra surmonter notre territoire pour s’adapter au changement climatique. D’ici 2040, le Pays Basque nord aura perdu 30% de ses ressources en eau. Alors que des villages de l’intérieur ont dû être approvisionnés en eau potable par camion-citernes l’été dernier, il y a nécessité à changer rapidement de modèle.

L’étude propose plusieurs pistes d’interventions parmi lesquelles :

  • la rénovation des canalisations usées (selon l’association 60 millions de consommateurs, 1 litre sur 5 n’arrive pas jusqu’au robinet) ;
  • la valorisation des eaux usées pour l’arrosage ;
  • l’interconnexion des réseaux et l’augmentation des capacités de stockage ;
  • l’augmentation du prix du mètre cube pour dissuader des mésusages.

Au Pays Basque nord, 75% de l’eau est consommée par les particuliers. Les industries et le secteur agricole complètent le podium.

 

Un plan sécheresse qui interroge
2022 est devenue l’année la plus chaude jamais enregistrée. La menace d’une énième canicule plane sur l’été 2023. Pourtant, le gouvernement français n’est pas à la hauteur de ce défi climatique.

De nombreux exploitants agricoles ont souffert du manque d’eau l’an dernier. En ce sens, les Pyrénées-Atlantiques ont obtenu le statut de calamités agricoles sécheresse.

EHBai a été alerté par le syndicat ELB d’un problème d’indemnisations des exploitations agricoles touchées. En effet, un grand nombre de fermes reste à ce jour écarté de cette aide. Sur le Pays Basque, on dénombre entre 20 et 30 % de dossiers non-éligibles. Ces derniers se concentrent principalement entre Iholdi-Oztibarre, Garazi-Baigorri et Xiberoa. Il est pourtant évident que l’ensemble du secteur agricole a été impacté par la sécheresse. L’initiative gouvernementale n’est pas forcément mauvaise mais c’est la méthode qui pêche. Le calcul de l’indemnisation n’a pas été expliqué, créant des disparités entre exploitations voisines qui nourrissent encore un peu plus le sentiment d’incompréhension et de frustration des personnes impactées.

 

Une initiative salutaire
Jean-Michel Bicain, agriculteur et maire de Gamarte a décidé de faire le relai entre secteur agricole et secteur institutionnel pour, littéralement, demander des comptes au Préfet des Pyrénées-Atlantiques. Dans son village, 9 paysan.nes gamartar sur 11 n’ont pu toucher l’aide. Jean-Michel a alors regroupé l’ensemble des paysan.nes de son village pour se soutenir mutuellement et faire remonter ce problème dans la sphère administrative.
Il est à l’initiative d’un courrier signé par les 30 maires du pôle Garazi-Baigorri demandant le réexamen des dossiers déposés et l’indemnisation de tou.te.s les agricultrices et agriculteurs concerné.es.

Le courrier des 30 maires de Garazi-Baigorri poursuit son chemin en arrivant sur les tables des autres pôles de la CAPB. Les élu.es EHBai – relais de cette initiative transpartisanne – montrent ainsi leur faculté à faire communauté pour la défense du monde agricole.

 

Et maintenant ?
Le 15 mai , plus de 70 paysan.ne.s ont répondu à l’appel d’ELB. Le dépôt de recours devant la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) symbolise la détermination des travailleur/euse.s lésé.es à ne rien lâcher face à l’administration française.

Les décisions prises à Paris peinent à descendre jusqu’à nous, plus de 2 mois après la première mobilisation et dans un contexte inflationniste qui précarise les agriculteurs/trices touché.es. Cette situation ne peut pas durer ! Plus de souveraineté sur notre territoire permettrait sans aucun doute d’apporter des réponses rapides et adaptées à ces problématiques qui sont, hélas, amenées à se répéter dans les années à venir. L’agriculture locale a besoin d’une institution spécifique qui pilote les politiques publiques et qui adapte à la réalité locale les politiques européennes ou hexagonales.

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