Au sujet de la venue de Dupond-Moretti au Pays Basque

Nous avons appris que le Ministre français de la Justice sera en déplacement à Bayonne ce vendredi 12 mai au matin.

En pleine période de crise multiple dans l’État français, le garde des sceaux vient en représentation aborder la question de l’extension du Tribunal de Bayonne et la justice environnementale. Le bilan du Gouvernement en matière d’écologie est profondément catastrophique. Autorisation des pesticides, prolongement du nucléaire, projets inutiles et climaticides d’autoroutes ou de LGV, autant d’engagements d’Emmanuel Macron qui retardent les engagements contre le réchauffement climatique.

Comment ne pas aborder également le cadre de la réforme des retraites, antisociale et anti écologique, imposée à grand coup de 49-3 en bafouant l’avis populaire et le travail parlementaire. Une dérive autoritaire et de droitisation dangereuse.

Finalement, ce gouvernement est constant dans la négation des droits élémentaires des peuples. La crise sociale est aussi politique. Le contexte est marqué aussi par les discussions qui stagnent avec la Corse, la Kanaky et éventuellement la Polynésie prochainement.

Tous ces éléments nous amènent à interpeller Eric Dupond-Moretti. Le Pays Basque Nord attend encore des réponses politiques de la part de l’État français. En particulier, concernant sa fonction de Ministre de la Justice, nous souhaitons lui rappeler sa responsabilité en matière de résolution du conflit basque.

L’entêtement de l’État français à refuser tout dialogue, toute main tendue et toute avancée en la matière a obligé les acteurs sociaux et politiques du Pays basque à recourir à la désobéissance civile. La libération de Ion et Jakes s’est faite suite à ces mobilisations populaires qui aujourd’hui débouchent sur des convocations judiciaires et des procès. Alors que les armes se sont tues depuis une douzaine d’années, et que le désarmement et la dissolution de l’organisation ETA a eu lieu lors des années 2017-2018, des militant.es politiques une fois libéré.es continuent de subir des mesures d’exception telles que les inscriptions au fichier FIJAIT ou des interdictions de territoire (la restriction de libertés, liberté de circuler librement)  ou encore le maintien du statut de DPS qui font perdurer des conditions d’incarcération inacceptables (surveillance stricte, restriction des visites et sorties, contraintes à un suivi médical normal). Nous souhaitons le dire à nouveau, la construction d’une paix juste et durable passera forcément par un changement d’attitude de la part de l’État français. Au Pays Basque aussi, outre les conséquences de celui-ci, les sources politiques du conflit doivent impérativement être abordées entre les acteurs politiques et sociaux du Pays Basque et l’État français.

Venir inaugurer des tribunaux, porter la parole gouvernementale ou faire de la représentation politique en Pays Basque est une chose. Mais la responsabilité des gouvernants français est de concrétiser enfin des pas en faveur de tous ces dossiers spécifiques portés par la majorité de la société du Pays Basque Nord.

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