L’état français en crises

En ce douzième jour de grève et de mobilisation syndicale contre la réforme des retraites, le Conseil Constitutionnel démarre l’examen de la loi imposée par 49.3 et rendra ses conclusions ce vendredi après-midi.

Quelles que soient ses décisions, la mobilisation devra se poursuivre voire se réinventer. Mais dans tous les cas, la crise ou plutôt les crises se poursuivront tant que le Gouvernement n’entendra pas la colère sociale.

Crises sociale, politique et démocratique

Depuis de longues semaines, les mobilisations multiples et plurielles contre la réforme des retraite se multiplient. Symbole d’un malaise social, cette mobilisation est aussi et surtout l’expression d’un ras le bol. Car en vérité, la crise est bien plus profonde. Inflation, réforme de l’assurance chômage et celle de la fonction publique, gel du point d’indice pendant des années pour les fonctionnaires… Le sentiment d’injustice est de plus en plus grand. Les services publics sont détricotés un à un et pendant ce temps les actionnaires du CAC40 battent semestre après semestre des records de réversion de dividendes.

Elle est bien loin la période COVID où nous applaudissions les soignants après des années de casse de l’hôpital public qui se poursuivent encore. Oublié le temps où le travail des éboueurs était salué car ils maintenaient un service indispensable en période de confinement, aujourd’hui ils en prennent eux-aussi pour deux ans de plus et la réponse du Gouvernement face à leur grogne légitime est la matraque et les réquisitions.

Au-delà d’être profondément injuste et décriée, la réforme des retraites met également en évidence une pratique autoritaire du pouvoir. En position de minorité dans le pays, l’exécutif a privilégié le passage en force. Article 47.1 pour écourter les débats, le 49.3 pour empêcher le vote, le Gouvernement piétine le débat parlementaire.

Toutes les lois liberticides votées ces dernières années sont mises en application : loi sécurité globale, loi contre le séparatisme ou encore les règlements et circulaires mis en place depuis le G7 de Biarritz et jamais abolis. Le résultat fait les unes des journaux. Violences policières, manifestants mutilés, fichage de masse, introduction des forces de l’ordre dans les lycées et universités, traque permanente des militants politiques et syndicaux.

La majorité présidentielle démontre chaque jour son incapacité à gouverner. Complètement hors-jeu sur les questions de résolution de la crise climatique, Emmanuel Macron continue de déroger aux interdictions de pesticides, relance un grand plan de développement du nucléaire, impose en force des projets climaticides comme les LGV ou les bassines de rétention d’eau à Ste Soline.

Après lui le déluge

Après un premier mandat 2017-2022 où tout a été fait pour permettre à l’extrême droite d’accéder au second tour et ainsi faire appel au vote républicain pour ouvrir la voie à un deuxième mandat, Emmanuel Macron et sa majorité continuent de jouer avec le feu.

Le refus de dialogue, le mépris envers les manifestant.es et l’opinion publique accentuent une rupture franche entre un peuple et ses dirigeants. Les discours de la Macronie se droitisent à vue d’œil pour obtenir les voix des groupes Les Républicains voire Rassemblement National. Le Gouvernement actuel et ses parlementaires auront à porter la responsabilité d’une banalisation des idées d’extrêmes droite. Le ministre de l’intérieur Darmanin incarne à lui seul la chute de toutes les digues idéologiques érigées contre les idées fascistes.

Euskal Herria dans tout ça

Vu du Pays Basque cette crise suscite également une inquiétude profonde. En tant qu’EHBai, mouvement de gauche, abertzale, écologiste et féministe, nous serons toujours du côte de celles et ceux qui défendent les acquis sociaux et la démocratie.

Il nous semble que le projet de souveraineté que nous portons est plus que jamais d’actualité. Ces nombreuses réformes imposées par Paris de manière uniforme dans tout l’hexagone ne passent plus. Nous avons besoin d’une véritable relocalisation de l’économie, de plus d’autonomie au niveau local pour pouvoir décider ici de ce que nous estimons être plus juste, plus solidaire et plus écologique pour le territoire.

Nous estimons que le Pays Basque est suffisamment mature pour mener une réflexion profonde sur son avenir et sur le modèle de société que nous souhaitons développer ici. Une société progressiste, qui lutte véritablement contre les inégalités, qui ne stigmatise pas les minorités et sache rester une terre d’accueil.

Cette réforme des retraites met en évidence que la société que nous souhaitons construire dépend des choix politiques qui sont faits. A ce titre, un Pays Basque plus souverain, plus autonome permettra aux alternatives que nous construisons au jour le jour de prendre plus d’ampleur.

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