Nous voulons décider ici et maintenant

Le 1er janvier 2017, le Pays Basque nord obtenait un premier échelon administratif et institutionnel avec la création de la Communauté d’Agglomération Pays Basque. Cette institution voyait le jour à l’issue du vote majoritaire des conseils municipaux des 158 communes d’Iparralde. Ces votes intervenaient après les travaux portés par le Conseil des élu⋅es et le Conseil de développement. Il faut rappeler que la demande majoritaire formulée par les élu⋅es et la société civile du Pays Basque nord était la création d’une Collectivité Territoriale à Statut Particulier. Il est légitime, aujourd’hui, que le Pays Basque aspire à un statut institutionnel qui lui permette de légiférer, d’augmenter son autonomie fiscale et financière et de désigner ses représentant⋅es par un scrutin direct.

Il semble évident que face à l’urgence climatique et sociale, le Pays Basque nord a besoin de s’outiller pour répondre au quotidien aux besoins des habitant⋅es afin d’améliorer nos conditions de vie. La tutelle exercée depuis Paris alourdit et retarde des décisions que nous voulons prendre ici et maintenant.
Nous avons pu suivre les nombreux rebondissements issus d’une proposition visant à remettre au même niveau la fiscalité sur les logements en location à l’année et ceux en location à la saison. Cette proposition est issue du Pays Basque. Pourtant, c’est à Paris que les débats ont lieu et que les décisions se prennent en partie. Ne serait-il pas plus simple de permettre à une institution locale de décider pour son territoire de ce qui est le plus adapté ? Toujours sur la question du logement, la Communauté d’Agglomération Pays Basque s’est portée candidate afin d’exercer en tant qu’autorité organisatrice de l’habitat. Il est indispensable que sa candidature soit retenue. D’autant plus que la construction d’une stratégie foncière afin d’une part, de préserver le foncier agricole, et d’autre part, de produire du logement abordable et à l’année devra se refléter dans les différents Plans Locaux d’Urbanisme intracommunautaire (PLUi), en cours d’élaboration par la Communauté d’Agglomération Pays Basque. La tentation de continuer à artificialiser est grande. Nous devons pourtant assurer à nos agricultrices et à nos agriculteurs notre volonté de préserver leur outil de travail: la terre. Afin d’éviter d’opposer le foncier agricole, le foncier économique et le foncier à destination d’habitation, nous devons absolument définir une stratégie foncière à l’échelle du Pays Basque qui se décline commune par commune, et qui aurait pour double objectif: la seule production de logement abordable à l’année et la préservation des terres à vocation agricole.

Les mobilisations en faveur de l’euskara se multiplient. Les interpellations des collectivités publiques sur la situation de notre langue ont eu comme point culminant l’intervention de nombreux acteurs sociaux lors de l’assemblée générale de l’Office Public de la Langue Basque (OPLB). Le constat est clair: si des moyens financiers à la hauteur ne sont pas déployés rapidement, le risque de disparition de l’euskara sera une réalité dans un avenir très proche. Là aussi, l’Etat a une responsabilité énorme puisqu’au-delà d’une reconnaissance officielle de notre langue, il bloque toute avancée financière au sein de l’OPLB, revient sur les examens en euskara pour les épreuves du brevet, ne se dérange même pas à s’exprimer sur le baccalauréat et méprise les élu⋅es monté⋅es à Paris qui ont quitté la réunion au bout de 54 minutes. Notre langue, notre Histoire méritent mieux. Nul doute que si nous pouvions décider, légiférer et budgétiser en Pays Basque, sans tutelle, la situation serait complètement différente.

Le Pays Basque Nord a besoin de plus de justice sociale et d’égalitarisme en faveur des femmes de son territoire.

Les femmes sont nombreuses à vivre et à travailler au Pays Basque. Elles y exercent souvent des métiers dans l’aide à la personne, dans l’administration publique, le domaine de la santé, l’enseignement… Activités essentielles pour lesquelles elles sont trois fois plus employées à temps partiel que les hommes.
Leurs salaires sont également disproportionnés avec une rémunération horaire toujours inférieure à celle des hommes dans toutes les catégories professionnelles avec un pourcentage d’écart culminant chez les cadres à plus de 22%.
Les femmes seules avec des enfants à charge représentent 75% des familles mono-parentales et de fait sont économiquement faibles et socialement fragilisées.
Ces écarts se répercutent immanquablement à l’heure de la retraite avec des pensions toutes aussi inégales.

Agir contre ces inégalités c’est aussi prendre en compte des avancées sociales en faveur du droit des femmes dans la sphère professionnelle.

Prendre en compte la santé menstruelle et gynécologique au travail est une question de santé publique lorsque l’on sait que 65% des femmes souffrent de dysménorrhées dans leur vie professionnelle et parmi elles, 14% sont obligées de s’absenter .

Proposer d’instaurer un « congé pour menstruations incapacitantes » permettrait aux femmes de lever un tabou et de ne plus à avoir à subir au quotidien la dissimulation de leur souffrance.

Sans attendre une décision des sphères parisiennes, le Pays Basque peut et doit être précurseur en établissant cette mesure en faveur des travailleuses de son territoire.

Pour pouvoir mener de front toutes ces politiques, se pose la question des moyens financiers, humains et politiques. Nous ne pouvons plus attendre que des décisions soient prises à Paris pour pouvoir mettre en œuvre des projets qui assurent un quotidien et des conditions de vie plus dignes aux habitant⋅es du Pays basque. Aujourd’hui, pour faire face aux enjeux sociaux, climatiques, économiques et sociétaux, le Pays basque a besoin d’une institution qui lui permette de légiférer et également des moyens financiers adéquats afin de réaliser ces projets. Dans ce sens, nous avons besoin d’une totale autonomie fiscale. Enfin, cette future institution devra être élue au suffrage universel direct. Le moment est venu de se remettre autour de la table pour imaginer ensemble, quelle pourrait être cette future institution qui permette au Pays basque de relever l’ensemble de ces défis.

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