L’euskara a besoin d’une nouvelle politique linguistique

Par ce communiqué, EHBai souhaite faire une lecture de la décision de l’Office Public de la Langue Basque de ne pas augmenter le budget en faveur de la politique linguistique.

La grave situation de la langue basque en Labourd, en Basse-Navarre et en Soule pose la question d’une politique linguistique ambitieuse. Il est regrettable qu’au Pays Basque nord, la structure qui en est la principale responsable ne mette pas plus de moyens pour la revitalisation de l’euskara.

Tout d’abord, EHBai souhaite exprimer tout son soutien à Euskalgintza (réseau des associations et structures faisant vivre l’euskara) dans leurs actions et revendications quotidiennes. Si la langue basque vit en Pays Basque nord, c’est surtout grâce au travail accompli par Euskalgintza pendant de longues années et encore aujourd’hui. Ses actions seront indispensables pour un avenir en euskara. C’est pourquoi, face à la non-augmentation du budget de l’OPLB, la colère exprimée nous paraît tout à fait logique. L’euskara et Euskalgintza ont besoin d’être respectés.

Ici, l’euskara est en proie à des difficultés. Nous rappelons l’une des conclusions de la dernière enquête sociolinguistique: le nombre de locuteurs bascophones se maintient, mais l’augmentation de la démographie fait que, proportionnellement, le pourcentage de bascophones dans la population est en baisse (environ 20% des habitant·es du Pays Basque nord). Alors que la survie de notre langue est en jeu, l’institution chargée de la politique linguistique devrait prendre une direction radicalement opposée à celle actuelle: l’objectif principal de tous les acteur·ices devrait être de parvenir à un consensus et à une mise en œuvre d’une politique linguistique globale qui ait l’ambition d’accélérer le processus d’euskaldunification. En revanche, nous tenons à signaler aujourd’hui l’existence d’un blocage clair dont l’Etat français, la région Nouvelle-Aquitaine et le département des Pyrénées-Atlantiques sont les principaux responsables.

En ce sens, comme l’a demandé Euskalgintza, nous tenons à souligner la volonté politique et les efforts déployés par les élu·es de la Communauté d’Agglomération Pays Basque et plus particulièrement les élu·es abertzale de gauche et membres d’EHBai pour augmenter le budget. Nous pensons qu’au Pays Basque nord, il existe des conditions pour parvenir à un consensus entre les élu·es et Euskalgintza, mais ce sont surtout les autres partenaires qui mettent en place un blocage du projet de l’OPLB.

Cela indique clairement que nous sommes confronté·es à un problème structurel pour l’avenir. En effet, la politique de l’Etat est contraire au développement de l’euskara et des autres langues minoritaires, ce qui ne permet pas de faire un bond en avant.

Un nouveau rapport de force

Du point de vue d’EHBai, pour connaître des avancées dans la revitalisation de l’euskara, nous devons être en mesure de canaliser l’inquiétude et l’indignation qui peuvent être éprouvées par les acteur·ices, structures et militant·es soutenant l’euskara. Même s’il est clair que les agressions et les obstacles dont souffre l’euskara exigent des dénonciations, il faut réfléchir collectivement à la manière dont nous allons faire un bond en avant dans l’euskaldunification et mettre en place de nouvelles initiatives.

C’est pourquoi EHBai estime:

• Qu’il faut ouvrir un débat sur les compétences et les outils nécessaires à une nouvelle politique linguistique au Pays Basque nord ;
• Qu’il faut construire un consensus sur les mesures nécessaires au processus d’euskaldunification et construire un nouveau rapport de forces contre l’Etat ;
• Que l’activation de la société civile et une large mobilisation populaire sont nécessaires à l’impulsion de la langue basque.

Il y a trois ans, avec l’abrogation de la loi Molac par le Conseil Constitutionnel français, il y eut une forte mobilisation en faveur du modèle immersif au Pays Basque nord, où se sont positionné·es non seulement des milliers de citoyen·nes, mais aussi de nombreux élu·es de notre territoire de sensibilités diverses en faveur de l’immersion. D’autre part, les sondages montrent que la population du Pays Basque nord est de plus en plus favorable à l’euskara. C’est pourquoi, nous disons que toutes les bonnes volontés doivent être activées dans la même direction.

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