le Conseil de l’Union Européenne présidé par Emmanuel Macron

Depuis le 1er janvier dernier et pour une durée de 6 mois, le Conseil de l’Union Européenne est présidé par Emmanuel Macron.

Le Président français a placé sa présidence européenne sous le signe de la souveraineté, de la croissance et de l’humanisme. Mais derrière les mots-clés et les concepts, le projet porté par Emmanuel Macron pour cette fonction est encore une fois déconnecté de la réalité des peuples européens, calé sur le repli sur soi et ne répondant aucunement aux attentes que nous pouvons avoir de l’Union Européenne.

La réforme de l’espace Schengen annoncée ne présage rien de bon. Sous prétexte de souveraineté, ce sont de véritables barrières que compte ériger Emmanuel Macron. Renforcement des frontières, contrôles armés accrus, la sécurité et la défense prônées déshumaniseront un peu plus encore les politiques menées par l’Union Européenne. Alors que la réponse répressive aux flux migratoires engendre des drames quotidiens, c’est effectivement d’une « Europe plus humaine » dont nous avons besoin.

La souveraineté que nous souhaiterions voir abordée est celle des nations. La construction européenne ne peut ignorer les droits des peuples. Catalogne, Ecosse, Pays Basque, Corse, Pays de Galles… Les exemples des peuples souhaitant pouvoir décider de leur avenir au sein même d’une Europe qui respecterait et reconnaitrait les droits politiques de ses concitoyen.nes se multiplient et sont légitimes.

La souveraineté dont aurait besoin le Conseil de l’Union Européenne est une souveraineté politique afin de se sortir de l’emprise des lobbies. Alors que des textes importants arrivent sur la table européenne en matière climatique, de fiscalité et de santé, il est particulièrement inquiétant de voir que la France s’est appuyée sur les industriels pour préparer sa présidence européenne. Les laboratoires pharmaceutiques, les dirigeants du secteur nucléaire, les géants du numérique ont tous été rencontrés à de nombreuses reprises par les équipes qui ont rédigé la feuille de route d’Emmanuel Macron. La croissance à tout prix marquera encore les prochains mois.

A noter également que la France prévoit de mener une réflexion sur la diversité culturelle et la défense du plurilinguisme en Europe. Un comble lorsqu’on connait l’entêtement de Paris à bafouer les droits linguistiques au sein même de l’hexagone. D’ailleurs, la France n’a toujours pas ratifié la Charte Européenne des Langues Minoritaires et ne cesse d’attaquer de manière systématique les langues dites territoriales. La séquence vécue en 2021 autour de la loi Molac et la censure par le Conseil Constitutionnel en est un nouvel exemple récent.

Au-delà des belles paroles et des grand-messes, de visites officielles et réceptions diverses et variées, ce sont des actes forts que nous attendons d’une présidence européenne. Une Europe des peuples qui sache accueillir, qui fasse le pari de la sobriété et qui lutte de manière engagée contre le changement climatique. Une Europe sociale qui protège les populations et accompagne les états dans la lutte contre l’évasion fiscale et la précarité.

Sans ces engagements forts, et considérant qu’Emmanuel Macron aura plus la tête à sa propre réélection, il y a fort à parier que la présidence française du Conseil de de l’Union Européenne ne soit, une fois de plus, qu’au service d’une minorité dirigeante et aille à l’encontre de l’intérêt des populations.

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