Loi Séparatisme

Alors que le contexte sanitaire et ses conséquences économiques et sociales devraient amener le gouvernement à prioriser des politiques visant à améliorer notamment le système de santé comme l’élément clé permettant une sortie de la crise pérenne, celui-ci fait le choix du tout-sécuritaire en portant notamment la loi sur les valeurs républicaines, plus connue comme loi sur le séparatisme. Nous y voyons là une volonté de venir grappiller des voix à l’extrême droite dans le combat qui les oppose à la veille de l’élection présidentielle. Nous constatons que la volonté n’est pas de combattre les idées et les analyses du Rassemblement National mais au contraire de les renforcer dans le surenchérissement au travers de lois sécuritaires et liberticides. Sans préjuger du résultat des élections présidentielles de 2022, nous constatons que le parti Lepéniste a d’ores et déjà gagné la bataille des idées avec ce gouvernement.

Alors que les hôpitaux et les personnels hospitaliers sont au bord de l’implosion, que de plus en plus de citoyens et citoyennes n’arrivent pas à la moitié du mois, que la précarité est grandissante, que se loger devient un luxe, le gouvernement fait le choix de l’ordre et de la sécurité. Nous y voyons là un manque de vision politique, mais plus largement une déconnexion du quotidien que vivent de trop nombreux citoyens.

Cette loi, sur les valeurs de la république, ne s’attaque à aucune des problématiques évoquées ci-dessus. Pourtant, l’accès aux soins, le droit à un logement, la lutte contre tout type de discrimination, en définitive le droit de vivre dignement devrait être la base à une loi portant sur des valeurs. Or, plus que des valeurs, cette loi affirme une position et des choix politiques basés sur la sécurité et l’individualisme ou autrement dit un front contre tout type de contestation politique, syndicale ou culturelle. Outre la stigmatisation des musulmans, le vote de cette loi, au même titre que la loi Sécurité globale, conduit à une restriction des libertés publiques et un contrôle accru de la population. Désormais, personnel des services publics, associations subventionnées, établissements d’enseignement privés, associations cultuelles sont visées. Les termes utilisés sont souvent flous et sujet à interprétation. Les glissements inquiétants déjà constatés durant l’état d’urgence sont accentués : ce ne sont plus les faits ou délits qu’on cherche à réprimer mais les intentions supposées. Au Pays Basque et en tant qu’abertzale, nous avons tout à craindre de cette nouvelle loi paradoxale, puisqu’elle va limiter la liberté au nom de sa défense et menacer des droits et principes au nom de leur protection.

Cette surenchère nous inquiète. Il est évident que pendant que l’attention de la population est portée sur ces questions, il n’y a que trop peu de place pour se poser les vraies questions qui nous permettraient d’envisager un avenir plus positif. Le gouvernement joue sur les peurs pour asseoir ce système qui creuse les inégalités et qui tue nos libertés à petit feu.

 

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